L’intérieur du Baptistère
Le Baptistère, dans de nombreuses cathédrales et églises anciennes, est généralement séparé de l’église mère. La séparation des deux lieux a ses origines dans les premiers siècles de l’ère chrétienne, lorsque les catéchumènes, n’ayant pas encore reçu le baptême, n’étaient pas admis à la célébration de l’Eucharistie qui se déroulait à l’intérieur des lieux sacrés, destinés pour le culte. Cette dislocation nous permet de comprendre le sens particulier du baptême chrétien, qui est un passage des ténèbres à la lumière, du péché à la grâce, de la mort à la vie.
Si Jésus a voulu être baptisé (même s’il s’agissait du baptême de pénitence administré par Jean-Baptiste), s’il a recommandé à ses apôtres de « baptiser tous les peuples », c’est que par le baptême nous devenons fils de Dieu et membres du Corps mystique du Christ qui est l’Église. Saint Paul en traite dans son épître aux Romains dont le contenu revêt une importance fondamentale pour la Théologie du baptême:
Ignorez-vous que, baptisés dans le Christ Jésus, c’est dans sa mort que tous, nous avons été baptisés?
Par le baptême, nous avons donc été ensevelis avec lui dans la mort, afin que, comme le Christ est ressuscité des morts par la gloire du Père, nous vivions, nous aussi, dans une vie nouvelle » (Rom.6:3-4).
L’évangéliste saint Jean ajoute que, pour entrer dans le Royaume de Dieu, il nous faut « renaître d’en-Haut » à une vie nouvelle qui nous est donnée justement par l’intermédiaire de l’eau et de l’Esprit-Saint, lors de l’événement baptismal (Jn. 3 : 3-8). Ce passage de la vie ancienne (selon le « vieil homme ») à la vie nouvelle trouve une heureuse symbolique dans ce petit trait du chemin entre le Baptistère et l’Église que les nouveaux baptisés parcourraient durant la Veillée pascale pour participer à l’Eucharistie, « source et sommet de toute la vie chrétienne », comme la définit le document sur la liturgie du Concile Vatican II – « Sacrosanctum Concilium ».
Les autels du Baptistère
Carte interactive
- Autel du Christ en croix
Le Christ en Croix en bois - début du XIVème siècle; Fresque -début du XIIIème siècle - D'attribution incertaine mais référable à l'un des trois plus grands peintres du moment présents simultanément à l'époque du Baptistère: A. Massarotti; F. Boccaccino; U. La Longe
- Autel de Notre-Dame des DouleursRetable en bois de style baroque, statue réalisée par Picenardi 1682, terminée en 1700
- Autel de San BlaiseLe retable – réalisé par la Confrérie de Crémone des cardeurs de la laine dont saint Blaise est le patron.
Dédié à saint Jean-Baptiste, l’intérieur du Baptistère a des murs divisés en trois secteurs, en se superposant avec autant de cadres et d’arcs aveugles. Une succession de trois arcs sur des colonnes et des chapiteaux de pierre caractérise la partie inférieure, surmontée de deux « bandes » avec des galeries, dont chacune est ouverte par trois fenêtres à double baie. Au-dessus d’elles trône dans toute sa majesté la large cuvette de la coupole. Cette dernière, de 16 mètres de haut, devance bien de quelques siècles (quant au point de vue technique) la coupole de la cathédrale de Florence (œuvre de Brunelleschi). Elle se termine sur son sommet par une lanterne octogonale : une pointe sur laquelle se dresse la statue en bronze de l’Ange avec auréole (sur lequel est gravé le nom de « Saint Gabriel »). Celui-ci soutient une croix astile en cuivre doré datant du XII-XIIIème siècle. Aujourd’hui toutefois, l’original de cette croix est substitué à l’extérieur par une fidèle copie.
La lumière pénètre dans le Baptistère au moyen de la double série de fenêtres jumelées des galeries et de la lampe placée au sommet de la coupole.
Tout au centre – occupant une place d’honneur – « trône » la fontaine baptismale (1520-1531) : c’est une grande citerne octogonale faite d’un seul bloc de marbre rouge, provenant des carrières de Saint Ambroise à Valpolicella (Vérone). Elle est posée sur un socle en marbre. Sa construction fut confiée à Laurent Trotti. Celui-ci l’avait achevée entre 1520 et 1531; tandis que Janello Torriani fut chargé en 1534 de monter les portes en bronze doré.
Il ne s’agit pas en vérité de la fontaine baptismale proprement dite, mais d’une vasque où l’on avait la coutume de conserver l’eau, bénite par l’évêque pendant la Veillée pascale, afin d’administrer avec elle les baptêmes tout au long de l’année. Chaque côté du prisme, divisé en trois sections, montre quelques inscriptions avec la date de construction et le nom des constructeurs de l’époque. Tout en haut se trouve une statue en bois représentant le Christ Ressuscité, avec une signification symbolique évidente qui relie le mystère de la Pâque à celui du Baptême.
Quant aux trois autels présents dans le Baptistère – celui du Christ en Croix, de saint Blaise et de Notre-Dame des Douleurs – nous nous trouvons bien en présence de vrais chefs d’œuvre. Juste sur le mur en face de l’entrée s’impose à nos regards le Christ en Croix du XIVème siècle. Conçu d’abord pour le maître autel de la cathédrale, il y est resté jusqu’en 1506 (début des travaux de Boccaccino dans la cuvette de l’abside). C’est alors que pendant plusieurs années il fut mis de côté, d’abord dans la Cathédrale, pour être ensuite transféré dans le Baptistère et mis en valeur à cette place. Une confrérie, née en 1691, en encouragera de plus en plus le culte, tout en cherchant à lui rendre honneur qui lui est dû. Au début du XVIIIème siècle, notre confrérie fera exécuter une fresque au dos de ce grand Christ en croix, qui représentera la Sainte Vierge, l’Evangéliste saint Jean et sainte Marie-Madeleine.
On doit à un esprit fervent et actif de la Confrérie de Jésus Crucifié qu’en 1597 l’autel de Notre-Dame des Douleurs soit renouvelé, dans le but de promouvoir ainsi davantage la dévotion envers la Sainte Croix, avec une attention particulière au thème de la Passion.
Après avoir démantelé l’ancien autel (construit en 1558 par François Dattaro), la construction d’un nouvel ensemble fut confiée au plus grand sculpteur de Crémone, spécialisé en bois – Jacques Bertesi. Il s’inspirera à la création de cette œuvre par l’un de ses ouvrages précédents – le retable dans l’église de saint Marcellin – en réalisant un cadre riche de feuillage sculpté et doré qui couronnera la statue de la Vierge. Celle-ci deviendra aussitôt l’objet d’une grande dévotion.
Détails
Autel du Christ en croix
Baptistère dédié à saint Jean-Baptiste
- Détail de la fresque
D'attribution incertaine mais référable à l'un des trois plus grands peintres du moment présents simultanément à l'époque du Baptistère: A. Massarotti; F. Boccaccino; U. La Longe
- Détail de la fresqueRetable en bois de style baroque, statue réalisée par Picenardi 1682, terminée en 1700
Quant à l’autel de Saint Blaise, nous le devons à l’Université des « Battilana » qui fut établie en 1510, en élisant comme siège justement le Baptistère. S’ils ont toujours considéré saint Blaise comme leur patron et protecteur, c’était en raison de la ressemblance entre l’instrument avec lequel le Saint avait été martyrisé, et le peigne pour carder la laine.
À la fin du XVIIème siècle, dans un climat de grande rivalité avec la Confrérie de Jésus Crucifié, l’autel sera entièrement rénové : il ne conservera de l’autel précédent que la statue du saint Blaise, datant des dernières décennies du XVIème siècle.
Le grand retable sculpté et doré, réalisé par un artiste local anonyme, sera exécuté entre 1699 et 1700 et restera l’un des exemples les plus importants de la sculpture baroque en bois de la région de Crémone. Dans la partie supérieure sera introduit un tableau, représentant la Vierge avec l’Enfant, peint en 1682 par Carlo Picenardi « Le jeune ».
Dans l’édifice du Baptistère sont placés également les fragments de mosaïque de la petite cour du «Torrazzo», datant de la seconde moitié du IVème siècle. Ils se distinguent par l’élégance de la composition, caractérisée par une série d’octogones reliés à de petits carrés par une tresse à deux rubans. Cette composition est embellie de plusieurs motifs décoratifs, dont les feuilles de lierre, les boutons de rose, les feuilles peltées et les nœuds de Salomon. Les compléments décoratifs furent jadis constitués également par les deux heurtoirs en bronze en forme des têtes de lion, du début du XIIème siècle ; à présent ils se trouvent au Palais épiscopal.
Ils étaient inclus dans le cercle de la production de métal de l’Italie du Nord à laquelle n’était pas étranger de se référer formellement à la tradition mosane. Ils se trouvent à présent au Palais épiscopal.